Roland Cayrol : « Les affaires favorisent les extrêmes et d’abord le FN »

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Travaux parlementaires.Roland Cayrol : « Les affaires favorisent les extrêmes et d’abord le FN »
Interviewaffairesantiparlementarismeroland cayrol2 réactions+A -A François Vignal Le 23.06.2010 à 18:43
Roland Cayrol, directeur de recherches associé à Sciences-Po Paris, directeur du Centre d'études et d'analyses et fondateur de l'Institut CSA.© AFPRoland Cayrol, directeur de recherches associé à Sciences-Po Paris, directeur du Centre d'études et d'analyses et fondateur de l'Institut CSA, souligne que la multiplication des affaires qui marquent le pouvoir renforce le sentiment d’hostilité à la politique. Et rappelle qu’« à chaque fois il y a eu des affaires » lors des vagues d’antiparlementarisme. Entretien.

Les nombreuses affaires qui touchent le pouvoir peuvent-elles développer une vague d’antiparlementarisme ?
Je ne dirais pas de l’antiparlementarisme mais une hostilité à la politique. Au fond, les Français nous disent deux choses : on aime plutôt bien le Parlement. Ils ont toujours demandé un rééquilibrage à son profit. En même temps, le vieil état d’esprit français de grogne contre la politique est toujours là. La politique est ici une chose envisagée pour les promesses, forcément non-tenues. Les politiques sont vus comme des gens qui vivent à l’écart du monde, qui font des lois qu’ils ne s’appliquent pas. Il y a de la magouille. Tout ça est renforcé par la crise, avec le sentiment qu’on nous demande de nous serrer la ceinture et que ça ne les concernerait pas.

Est-ce de bon augure pour le Front national en vue de 2012 ?
Ce genre d’affaire favorise traditionnellement deux choses : un désintéressement pour la politique et donc l’abstention. Les gens se détournent de la chose publique. Cela favorise aussi les extrêmes, et d’abord le FN, qui représente le mieux une espèce de rejet d’un système élitaire, le « tous pourris ».

Dans l’hypothèse possible d’une multiplication des candidatures à droite pour la présidentielle, la majorité peut-elle craindre un 21 avril à l’envers ?
On n’en est pas là. Il y a tout de même à droite une force politique qui l’emporte largement, c’est d’abord l’UMP et le Président. Mais c’est vrai qu’il faut prendre garde. Le total des électeurs ne fait jamais que 100%, donc si on laisse monter des forces qui prennent 10% ou 3% des voix, il y a toujours un risque au premier tour.

Quelles sont les grandes vagues d’antiparlementarisme dans l’histoire ?
Ce sont les années 30, avec une grande vague suscitée par les ligues d’extrême droite. Cela s’est terminé dans la rue lors d’affrontements avec le Front populaire. Puis il y a le poujadisme des années 50. A chaque fois il y a des affaires. Et la crise, qui crée le sentiment d’une grande injustice sociale. C’est vrai avec la crise des années 30, avec l’après-guerre, c’est vrai aujourd’hui avec la mondialisation et le libéralisme à tout crin.